Les investissements colossaux de la place financière suisse dans les énergies fossiles ont des effets
extrêmement négatifs pour le climat. L’OFEV souligne que «de par ses investissements sur les
marchés financiers mondiaux, la place financière suisse favorise un scénario induisant un
réchauffement climatique mondial de 4 à 6 degrés». Se donner une chance d’atteindre les objectifs
de l’Accord de Paris suppose donc inévitablement un changement radical de trajectoire dans ce
domaine.
Ces investissements comportent également de grands risques financiers car ils pourraient à l’avenir
perdre une part importante de leur valeur si les émissions mondiales de gaz à effet de serre étaient
réduites dans la mesure nécessaire à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Les caisses
de pension, dont l’action s’inscrit dans des horizons temporels de long terme, ont un intérêt évident
à analyser attentivement le risque systémique que représente le changement climatique. Une
récente étude prévient que les caisses de pension suisses pourraient perdre en moyenne 10 % de
leur fortune dans les 15 ans à venir si elles ne réorientent pas leur portefeuille vers des placements
à faible intensité carbone, ce qui induirait une diminution des rentes de 18 % à 32 %. Les
investissements importants des caisses de pension dans les énergies fossiles font donc peser un
risque non négligeable sur le climat, mais également sur les retraites futures !
La Caisse de Pensions de la République et Canton du Jura (CPJU), qui dispose d’un volume
d’investissements d’environ CHF 1 milliard, accuse un retard important dans ce domaine. L’analyse
de sa politique d’investissement en regard des enjeux climatiques par l’Alliance climatique suisse
révèle que, bien qu’elle affiche quelques intentions générales qui vont dans le bon sens, la CPJU
ne dispose d’aucune stratégie ni calendrier de décarbonisation de son portefeuille. Cette lenteur
interpelle, d’autant plus que d’autres caisses de pension de taille similaire ont déjà pris le chemin de
la transition, sans rencontrer d’obstacles insurmontables. En 2015 déjà l’OFEV relève qu’«un retrait
des secteurs à fort taux d’émission ou un déplacement vers des entreprises du même secteur plus
respectueuses du climat serait possible sans conséquences majeures sur le risque et la
diversification.»
Nous demandons dès lors au Gouvernement de donner à ses représentants au sein du Conseil
d’administration de la CPJU des consignes claires et concrètes afin que celle-ci s’engage dès à
présent dans une stratégie de décarbonisation de son portefeuille d’actions.
Ivan Godat (Verts)